Après avoir parlé aux habitants du village, Nami avait pu récolter plusieurs informations au sujet de cette mafia. Principalement des rumeurs, mais il n'y avait pas de courant sans chaleur. Cela l'avait menée jusqu'aux terres plus abruptes qui cernaient les montagnes environnantes. Elle n'avait à vrai dire pas rencontré tant de gens que ça. Ni tant de villages. Il semblait vraiment que la région soit aride, malgré le fait que la mer soit si proche. Elle pouvait apercevoir de la colline où elle se tenait la base du mont Targon, la plus imposante montagne qu'elle ait jamais vue, et d'après les Anciens, la plus imposante au monde. Ce serait à sa cime, invisible à l’œil nu et perdue dans les nuages, que les Aspects choisiraient leurs candidats. Mais personne évidemment n'avait jamais réellement su la vérité.

La Marai soupira et se remit en chemin, jouant doucement avec l'eau de son bassin éternel, faisant tournoyer un fin filet entre ses doigts. Malgré le grand honneur que c'était d'être Aquamancienne, elle n'aurait jamais cru qu'elle devrait en plus parcourir le monde des humains. Seule. C'était particulièrement cela qui l'épuisait le plus. Les Vastayas étaient des tribus fières, mais soudées. Et bien qu'elle n'eut pas eu d'échange houleux avec les bipèdes rencontrés jusqu'à présent, ils avaient tous eu trop peur de l'accompagner.
J'accepterais même la compagnie d'un poisson-bulle.
Elle soupira et se dirigea vers la caverne que lui avait indiquée un villageois.
La rumeur courait que des bandits, en lien avec la mafia locale, s'y cachaient. De féroces bandits avec des pierres pointues, de celles qui vous transpercent le cœur. Nami avait vu des images de ces armes barbares auparavant. On en retrouvait même certaines au fond des mers, près des bateaux échoués, mais elle étaient souvent émiettées, ou en pièces.

Perdue dans ses pensées, elle atteint la caverne bien plus tôt que prévu. Et lorsqu'elle releva les yeux du sol qu'elle avait contemplé durant son trajet, elle se retrouva nez-à-nez avec le tranchant d'une de ces fameuses pierres pointues. Une longue pierre pointue. Et au bout de celle-ci, un homme blond, une cicatrice sur l’œil, et un air vraiment pas commode.

Eeeeeek !

-En v'là un drôle de poisson !

Le bipède ricana tout seul, alors que le bout pointu de sa lame se trouvait sous la gorge de Nami. Celle-ci recula instinctivement, éclaboussant l'homme à l'aide de sa queue dans un mouvement de panique. Celui-ci, surpris de recevoir de l'eau de mer au visage, tituba également en arrière, vers l'entrée de la grotte qui abritait sa planque. La Marai eut ainsi le temps de se mettre en garde, redressant son sceptre, les vaguelettes bleutées qui le couronnait brillant de la puissance des marées.

- Bonjour. Excusez-moi de vous déranger, mais je dois vraiment savoir où se trouve Vrod. Un silence se posa. ... On m'a dit que vous le connaissiez.

La malfrat observa Nami avec des yeux de merlan frit, visiblement très choqué, avant de soudainement éclater de rire. Des larmes coulaient le long de ses joues, et sa garde était complètement ouverte.
La Marai ne connaissait certes que peu les coutumes bipèdes, mais elle était parfaitement capable de reconnaître de la moquerie. Très vexée, elle fronça ses sourcils et se retourna vivement, faisant dos au brigand qui ne la considérait décidément plus comme un danger imminent.
D'un mouvement leste, elle redressa sa queue dans son dos, à hauteur du visage de l'homme. Celui-ci, complètement absorbé par son fou rire, ne la remarqua qu'au dernier moment, et surpris et curieux, redressa les yeux pour l'observer s'approcher de lui. Il put ainsi voir la nageoire partir vers la droite. La tête de l'homme la suivit du regard. La nageoire repartit soudainement à gauche. Et le visage bipède fit violemment de même.

Après avoir été longuement et rapidement giflé par la puissante nageoire de la Marai, l'homme tomba à terre, visiblement sonné et hébété, à peine conscient. Son nez saignait, et ses yeux se teintaient d'incompréhension et de peur face à la créature qui lui faisait face.
Nami s'approcha alors de lui, se plaçant à ses côtés et l'observant de haut. Elle mit le bout de son bâton contre la gorge du brigand, de la même manière qu'il l'avait auparavant menacée. Ses yeux dorés lançaient des éclairs, alors que son ego blessé tentait tant bien que mal de reprendre le dessus.

- Vrod. Maintenant. Elle hésita, indécise. S'il-vous-plaît.

Les vieilles habitudes avaient la peau dure.